La perte d’appétit concerne les personnes âgées, les enfants, les personnes en situation de handicap mais aussi les adultes en bonne santé ! Face aux repas, chaque personne est différente. Certains mangent avec plaisir et d’autres n’ont pas faim, pas envie. L’appétit est associé à la motivation à manger, qui intègre les préférences alimentaires. La faim fait plutôt référence à un état d’éveil du système nerveux relié à des signaux internes (manque d’énergie) ou par des stimulations externes.

Qu’est-ce que « la faim » ?

La faim se décompose plus ou moins en deux types de signaux :

  • Les signaux internes de la faim : sensation de creux au niveau de l’estomac, ventre qui gargouille, ressenti que le corps a besoin d’énergie.
  • Les signaux externes de la faim : l’heure du repas, une proposition de déguster un plat, une odeur alléchante…

A l’inverse, la satiété est un état de contentement de la fin d’une prise alimentaire. On alterne donc des états de faim avec des états de satiété.

  • Les signes de la satiété : les aliments n’ont plus aussi bon goût qu’au début de la prise alimentaire, ressenti que le corps a récupéré de l’énergie, sensation d’avoir suffisamment mangé, sentiment de satisfaction.

Ce mécanisme peut cependant être perturbé. Cela parfois à cause de signaux externes : stress, ennui… Mais l’appétit peut aussi être limité à cause du vieillissement ou de certaines pathologies. Cette perte d’appétit, dans le cas du vieillissement ou de certaines pathologies ou handicap peut s’expliquer par le ralentissement de la vidange gastrique. En effet, les aliments séjournent plus longtemps dans l’estomac, donc l’état de faim prend plus de temps à revenir. Cela s’explique également par les troubles bucco-dentaires, et les médicaments qui modifient le goût des aliments.

La perte d’appétit : conséquences

Si elle s’installe dans la durée, la perte d’appétit limite les apports nutritionnels et entraîne ainsi des risques de carences, ou de dénutrition. La dénutrition apparait lorsque les apports ne sont plus suffisants pour couvrir les besoins. Plus on intervient vite et plus il est facile d’agir pour limiter l’apparition des conséquences : augmentation du risque d’infections, de chutes… Quelques signes doivent nous alerter :

  • Une perte de poids : des pesées régulières mensuelles permettent de surveiller
  • Les vêtements qui deviennent trop larges, le cran de la ceinture qu’il faut serrer davantage.

Perte d’appétit : rechercher les causes !

Que faire en cas de perte d’appétit ? Rechercher la cause et agir ! En tant qu’accompagnant, on peut se poser plusieurs questions :

→ Confort : Est-ce que la personne est confortablement installée ? Est-ce qu’il existe des sources d’inconfort qui pourraient perturber l’appétit au cours du repas ? Penser aux douleurs, au besoin d’aller aux toilettes, au siège sur lequel la personne s’installe et le fait d’avoir une installation adaptée, le port de prothèses.

Goûts et préférences : les plats proposés tiennent-ils compte des préférences et aversions de la personne ? Les assiettes sont-elles trop remplies, au risque d’écœurer la personne ? Les plats sont-ils suffisamment assaisonnés (sel, poivre, vinaigrette, moutarde…).

Environnement : est-ce que la personne a suffisamment de temps pour manger ? a-t-elle la possibilité de partager son repas avec vous ?

Soutien : est-ce que la personne dispose de l’aide dont elle a besoin pour manger ? pour découper la viande ? pour ouvrir les couvercles…

Quelles astuces mettre en pratique ?

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En cas de perte d’appétit, vous pouvez mettre en place quelques astuces dans la vie quotidienne pour stimuler l’envie de manger :

Stimuler les sens pour stimuler l’appétit

Vous est-il déjà arrivé de passer devant une boulangerie et de sentir cette odeur… ? Vous comprenez de quelle odeur je veux parler ? C’est l’un des inconvénients des plateaux repas ou de la mise à l’écart de la personne dans l’étape de préparation des plats. Tous les sens peuvent nous faire saliver :

  • 👀 La vue : prenons l’exemple d’un étal de fruits et légumes colorés sur un marché ou d’un plat joliment mis en service. Aux différentes étapes de l’achat des aliments, jusqu’à leur préparation et leur présentation, il est possible de stimuler les sens. En cas de troubles de la vision, le rôle de l’aidant est essentiel : jouer sur les contrastes de couleur, éviter les confusions qui peuvent être liées aux nappes ou vaisselles à motifs. Tenir compte du trouble (vision centrale ou périphérique) pour adapter la disposition des aliments dans l’assiette : plutôt sur les côtés ou au contraire au centre de l’assiette. Imaginez un menu tout blanc : salade de riz en entrée, salsifi et volaille à la crème en plat et poire pochée au fromage blanc en dessert… Ce menu manque de coloration. Utiliser les épices permet de relever
  • 🦻 L’ouïe : le bruit des couverts qu’on dispose pour le service, le repas qui crépite dans la poêle … Ces signaux envoyés au cerveau conditionnent à prendre conscience que c’est bientôt l’heure du repas. Enoncer le menu du jour est également une solution pour faciliter la projection et travailler sur la réminiscence des goûts.
  • 🤚 Le toucher : au-delà du sentiment d’utilité renforcé par la participation à la préparation du repas, le toucher contribue également à la mise en bouche de l’aliment. Il est particulièrement intéressant lorsque les personnes n’ont pas la capacité d’utiliser des couverts. On peut proposer le manger mains, un mode d’alimentation qui favorise l’autonomie.
  • 👃 L’odorat : sous forme de jeu de reconnaissance des aliments
  • 👅 Le goût : proposer des plats appréciés, assaisonnés suffisamment.

L’activité physique

Proposer une petite marche si possible avant le repas car l’activité physique peut permettre d’ouvrir l’appétit.

Modifier la prise de certains médicaments

Si cela est possible, et toujours après en avoir d’abord échangé avec le médecin prescripteur, il est parfois possible de différer la prise de médicaments qui modifient le goût des plats après la prise du repas plutôt qu’en amont.

La fragmentation des repas

En cas de périodes de perte d’appétit, une solution assez simple est de fragmenter la prise des plats en 5 voire 6 prises quotidiennes pour faciliter la consommation, en proposant des repas avec des quantités un peu plus réduites.

Réveillez les papilles avec du sucré !

Au niveau du goût, les papilles gustatives les mieux préservées avec l’âge sont celles qui perçoivent la saveur sucrée. Autant en faire un atout pour encourager la prise alimentaire ? Vous pouvez essayez quelques solutions pratiques :

  • Casser les codes du repas et commencer par le dessert plutôt que par l’entrée
  • Sucrer les plats salés ou opter pour des mélanges sucrés – salés (tajines aux pruneaux ou aux abricots, poulet à l’ananas et aux poivrons…)
  • Commencer le repas avec des smoothies de fruits frais (idéalement composés avec les personnes accompagnées) qui permettent à la fois d’apporter des vitamines, et de mettre en appétit.

Recette de smoothie inter-saison

  • 1 banane
  • 1 kiwi
  • 50 ml de lait de coco

Eplucher, mixer le tout et déguster bien frais !

Surveiller la perte d’appétit

Si l’on identifie une période de perte d’appétit, on peut mettre en place une surveillance alimentaire en notant chaque jour les quantités consommées. Cela permettra aux professionnels de santé d’agir plus efficacement. Quoiqu’il en soit, ne restez pas seuls face à une perte d’appétit : parlez-en avec le médecin, le pharmacien, l’infirmier ou avec le diététicien qui vous aideront à mettre en place d’autres solutions (enrichissements des plats, propositions de compléments nutritionnels oraux…)


Pour plus de conseils sur l’alimentation des personnes âgées :